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Natalie Dessay, La voix des anges

Le Monde de l’Ostéopathie - Avril - Mai - Juin 2012
 
mercredi 10 juin 2015 par Le Monde de l’Ostéopathie

Natalie Dessay, La voix des anges
Interview

Le Monde de l’Ostéopathie - Avril - Mai - Juin 2012


Interview

Natalie Dessay
La voix des anges


Propos recueillis par Frédéric BENIADA, journaliste à France Info

Diva atypique mais diva populaire, Natalie Dessay, n’est venue au chant que tardivement, un peu par hasard, au détriment de sa première passion le théâtre. Avec son franc parler, des projets plein la tête, la séduisante soprano colorature, a accepté de se confier à notre magazine.

Existe-t-il une ou des expériences qui lient votre univers à l’ostéopathie ?
Natalie Dessay
Mon expérience concernant l’ostéopathie est essentiellement liée aux problèmes du dos. Cela a débuté il y a très longtemps quand j’étais sujette au lumbago. Dès l’âge de 25 ans, j’ai eu des lumbagos au moins une fois par an. Alors, pour aller mieux je consultais un ostéopathe.

Connaissez-vous la cause de ce mal ?
Natalie Dessay Non, pas vraiment. Ce qui est certain, c’est qu’après les séances d’ostéopathie j’allais à chaque fois mieux. Et après réflexion, à chaque fois quand cela arrivait j’étais dans des situations de vie très stressantes. Il n’y a donc rien d’étonnant, la vraie explication semble être le stress.

Vous consultez régulièrement votre ostéopathe ?
Natalie Dessay Maintenant oui. Mon mal m’indique qu’il faut intervenir. La sensation d’être cassé en deux est insupportable. Je souffre actuellement d’une hernie discale qui est très douloureuse et j’ai le souvenir d’une sciatique d’il y a deux ans. Tout autant de raisons pour consulter mon ostéopathe. Je tente ainsi de contrôler et de maintenir le bien être de mon corps.

Comment le fait de faire beaucoup d’activités physiques (trapèze volante, danse) se réconcilie avec cette problématique douloureuse ?
Natalie Dessay Je fais effectivement du trapèze volant. Avant je faisais du cheval, que j’aimais beaucoup, mais cela à joué défavorablement sur mes lombaires. La condition physique d’aujourd’hui ne me permet plus d’en refaire. Le fait de pratiquer plusieurs activités physiques complexes m’oblige à prendre en considération tous les aspects de mon corps.

Tous ces éléments nécessitent une hygiène de vie particulière ? Par exemple au niveau postural ou alimentaire ?
Natalie Dessay J’ai une hygiène de vie très stricte. Globalement. Au niveau alimentaire c’est encore plus particulier, avec grande attention aux laitages et une diète équilibrée.

Pensez-vous que la condition de votre colonne vertébrale a un impact sur la voix ?
Natalie Dessay Oui, bien évidemment. La douleur vertébrale empêche que certaines « zones » de ma voix fonctionnent correctement. C’est un aspect spécifique dans le chant : la douleur – où qu’elle soit localisée – risque de nous empêcher – mentalement et physiquement – d’accomplir notre rôle. Ce qui représente un problème important.

Quelles sensations avez-vous dans ces circonstances ?
Natalie Dessay Je ressens une sorte de déconnexion corporelle et énergétique. Comme si l’énergie arrêtait de circuler. J’ai une conscience aigue de ce blocage énergétique.

Faites-vous appel à d’autres pratiques de soins traditionnelles ?
Natalie Dessay Oui, je trouve beaucoup de bénéfices dans le massage chinois. Mon thérapeute a été formée par un Maître de Tai-Chi, je suis donc familiarisée aux approches sino-énergétiques. J’ai fait appel aussi à l’acuponcture, il y a longtemps, et les bénéfices immédiats étaient indéniables. A présent je suis plus intéressée par une prise en charge qui me permette d’avoir des résultats au long terme, éventuellement de guérir. En tout cas, avoir des résultats pérennes.
La voix est le lien entre le corps et l’émotion par excellence. Vous êtes l’acteur et le témoin de l’expression émotionnelle du corps par l’intermédiaire de votre voix. L’on sait aujourd’hui que les émotions ont au moins un point commun avec la voix : elles sont des vibrations avec des longueurs d’onde mesurables. Ainsi, par l’intermédiaire de votre voix, de vos compétences techniques et émotionnelles, vous arrivez à accéder au plus profond de la sensibilité des personnes qui vous écoutent.
Effectivement, et c’est le cas pour le chant en général. Certaines émissions télévisées en sont la preuve. Des artistes qui arrivent sur la scène et qui font des prouesses techniques ou physiques extraordinaires seront vite oubliés dès l’apparition d’un artiste qui va éblouir par une belle voix. On ne peut que s’incliner devant le pouvoir émotionnel de la voix. La voix en soi, toute seule, accapare toute attention, toute émotion.

Comment gérez-vous vos émotions, aussi positives que négatives quand vous êtes sur la scène ? Vous autorisez-vous à entrer en phase vibratoire avec le public ?
Natalie Dessay Nous, les chanteurs, sommes comme tous les comédiens : nous nous devons de créer une distance avec nos émotions. Et dans le chant, une distance encore plus grande que celle des comédiens. Le chant implique un geste technique particulièrement difficile et laborieux à accomplir. Cet aspect ne nous permet pas de nous laisser envahir totalement par l’émotion. Même si nous le souhaitons, nous ne pouvons pas nous l’autoriser. Sinon on ne peut plus chanter, où bien on chante au détriment de la technique. Si je me laisse envahie par une émotion, par exemple l’angoisse ou la tristesse, qui correspondrait à certains personnages, ma voix ne servirait plus. Tout le monde sait que lorsqu’on pleure, la voix se modifie, jusqu’à devenir méconnaissable. C’est la même chose dans le chant. Nous sommes obligés d’être dans un contrôle permanent.

Et pourtant, quelles émotions vous faites passer !
Natalie Dessay C’est vrai et c’est heureusement le cas mais dans le chant ce n’est pas l’artiste qui doit être ému, c’est le public ! Ce n’est pas le fait d’être ému sur la scène qui va émouvoir le public. Tout cela je l’ai appris au début de ma carrière. Car au début, je croyais qu’il fallait « pleurer pour que les gens pleurent ». En réalité, ce n’est pas du tout le cas. Je peux même dire qu’il s’agit du contraire. Et il n’y a rien de cynique là-dedans. La chose qui produit réellement des émotions très fortes chez l’autre est la maîtrise parfaite du geste technique et le respect de la limite émotionnelle que l’on peut s’autoriser. Il y a des comédiens qui sont très bons parce qu’ils sont eux-mêmes dévastés par ce qu’ils expriment. Mais dans le chant, cela ne peut pas fonctionner de la même manière. L’essentiel consiste à laisser de la place à celui qui est en face. Si vous lui prenez la place en étalant votre propre émotion, il n’y a plus de place pour lui, pour être, pour vivre, pour sentir. Alors, il faut absolument lui laisser cette place, sa place, et l’inviter à un voyage. Ce sont des réflexions sur lesquelles je me suis penchée déjà avec les comédiens. Et la conclusion qui s’impose est que le respect de la distance avec ses propres émotions est une condition indispensable pour permettre la liberté des émotions d’autrui.

Ainsi, la maîtrise de la technique vous permet pleinement de vous exprimer
Natalie Dessay Eh bien, au final, pas complètement. Parce que mon but est de sentir aussi mes émotions. Alors, je suis toujours à la recherche de la limite qui me permet à la fois d’accomplir mon geste technique et de laisser de la place au ressenti.

Quelle est alors la dynamique de l’émotion entre vous et votre public ?
Natalie Dessay Quand je chante, je ne peux pas m’autoriser à contempler mes émotions, alors je suis complètement déconnectée émotionnellement. Et heureusement car ce n’est ni le moment ni le lieu de le faire. Je me dois d’être extrêmement concentrée, sinon il y a de la place à l’erreur. Le seul moment où je peux me permettre d’accéder à mes émotions est la fin du spectacle, quand je reçois le retour du public, par exemple les applaudissements. C’est un moment merveilleux, quand je ressens et partage l’émotion et le bonheur du public.

Quelles sont les émotions liées aux interprétations de Debussy ?
Natalie Dessay C’est vraiment extraordinaire… On retrouve à la fois du jeune Debussy maladroit dans la prosodie, mais qui est déjà un génie… Déjà quelqu’un qui s’intéresse à la poésie, à la grande poésie, à de très beaux textes, que ce soit de Bourget, de Verlaine, de Mallarmé. Un très jeune homme avec des goûts déjà très surs et extrêmement affirmé, tout en se nourrissant de la musique française du XIXème siècle. On entend des influences de Massenet, parfois wagnériennes, très étranges, insolites, et en même temps Debussy lui-même, en état pur.

Que pensez-vous de la rencontre avec Philippe Cassard ?
Natalie Dessay Je suis ravie de cette rencontre. Nous avons fait 5 très beaux concerts en France, en Suisse et en Angleterre et nous allons continuer cette collaboration. Je pensais ne pas aimer les concerts en solo et finalement, c’est un bonheur. Avec Philippe, je trouve que nous formons un duo magnifique : nous nous entendons très bien et nous partageons et apprenons beaucoup de choses ensemble. D’où l’envie de poursuivre notre coopération.

Vous avez un dur métier à faire, et en même temps la reconnaissance internationale est au rendez-vous.
Natalie Dessay C’est vrai, le métier n’est pas facile, mais les joies sont à la hauteur des efforts, des difficultés, des déceptions. Quant à la reconnaissance, oui, elle est là et c’est tant mieux. Mais même si ça n’avait pas été le cas, il en reste néanmoins un très beau métier. J’ai fait le choix d’une vie qui n’est certes pas facile mais qui en même temps est extraordinairement belle et intéressante.

Actualité

Natalie Dessay
Actuellement, je prépare « La Traviata » au Metropolitan Opera de New York. Nous aurons au total 8 représentations. Ensuite je vais à la Scala, quasiment aussitôt, pour interpréter « Manon », mise en scène par Laurent Pelly.
En enregistrement, le DVD de « La Traviata » que nous avons représentée à Aix-en-Provence – avec la mise en scène de Jean-François Sivadier et sous la direction de Louis Langret – sera disponible mi-mars.
Nous avons enregistré aussi en DVD Débussy « Quatre Chansons de Jeunesse » qui est déjà dans les musicothèques. Avec Catherine Michel, Karine Deshayes et Philippe Cassard au piano. Il s’agit de mélodies que Debussy a écrites entre 17 ans et 21 ans et qui pour la majorité étaient dédiées à Madame Vanier, sa muse à l’époque.

Le Site de l’Ostéopathie remercie Frédéric Zénouda de l’avoir autorisé à publier l’intégralité du n° 2 du Monde de l’Ostéopathie


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