Alfonso Gomez de Francisco - Le crâne ostéopathique - Éditions Sully 2006
Étude comparée d’anatomie et de biomécanique crâniennes
Préface de Pierre Tricot
224 pages - ISBN : 978-2911074844 - Prix : 40 €
DESCRIPTIF
Le lecteur de livres d’anatomie crânienne est souvent confronté à des descriptions différentes suivant l’auteur qu’il consulte : différences de noms et d’emplacements des éléments, de contenu des foramens…
Il en est de même pour la biomécanique ostéopathique. Et pourtant, les lois de la mécanique sont universelles.
Cette constatation est à l’origine de cet ouvrage : analyser les différentes descriptions anatomiques et biomécaniques, pour mettre en évidence les divergences de points de vue. Le but n’étant pas de mettre en valeur les différences, mais de créer un point d’appui, un lieu de rencontre entre les avis.
Pour permettre au lecteur de cet ouvrage d’établir son propre avis, l’auteur n’a pas souhaité exprimer son point de vue personnel. Il a en revanche réuni avec le plus grand soin la plupart des détails des descriptions anatomiques et biomécaniques des livres que l’on peut consulter dans les bibliothèques spécialisées pour en faire un outil de travail aussi objectif que possible.
Voilà donc un livre que tous les étudiants en ostéopathie, et tous les ostéopathes, devraient posséder et abondamment consulter. Il décrit les structures anatomiques articulaires crâniennes en proposant les interprétations données par les différents auteurs et les variations dans la description et la perception du mouvement qui en découle.
Au lecteur ensuite d’établir sa propre vérité à l’aide de sa perception. C’est un chemin de réelle pédagogie, parce qu’il laisse le degré de liberté indispensable au véritable épanouissement.
BONNES FEUILLES - PRÉFACE DE PIERRE TRICOT
« Comment savons-nous ce que nous croyons savoir ? »Telle est la question posée par Paul Watzlawick tout au début de l’ouvrage L’invention de la réalité réunissant les contributions de différents auteurs sur la philosophie constructiviste . Cette question nous renvoie à trois concepts préoccupant l’humain depuis déjà fort longtemps : ce que nous savons, comment nous savons, et ce que nous croyons savoir.
Nous considérons généralement ce que nous savons comme le résultat de la perception, de l’investigation et de la compréhension du monde que nous expérimentons, grâce, notamment, à notre système sensoriel. Ce monde, notre bon sens nous dit qu’il est le réel ou la réalité. Et comme le système qui nous permet de le percevoir est le même pour tous – le système corporel –, le réel semble devoir être le même pour tous.
Comment nous savons est une question plus embarrassante : pour savoir comment il sait, l’esprit doit sortir de lui-même, afin de pouvoir s’observer en train d’observer. Il ne se trouve plus alors face à des faits existant apparemment indépendamment de lui, dans le monde extérieur, mais face à des processus mentaux dont la nature n’est pas évidente. Ce processus conduit à la conclusion logique que ce que nous savons dépend de comment nous sommes parvenus à le savoir. Notre conception de la réalité n’est plus une image vraie de ce qui se trouve à l’extérieur de nous-mêmes. Elle est nécessairement déterminée, au moins en partie, par les processus qui nous ont conduits à cette conception.
Enfin, qu’en est-il de ce que nous croyons savoir ? Ce thème, que les philosophes pré-socratiques connaissaient déjà, prend aujourd’hui une importance pratique grandissante, à savoir la conscience croissante que toute prétendue réalité est – au sens le plus immédiat et concret du terme – la construction de ceux qui croient l’avoir découverte, et étudiée. Autrement dit, ce que nous supposons découvert est en fait une invention ; mais, l’inventeur n’étant pas conscient de son acte d’invention, il la considère comme existant indépendamment de lui. L’invention devient alors la base de sa conception du monde et de ses actions.
Ce qui vient d’être dit nous indique au moins deux manières d’envisager le réel. Soit, nous le concevons comme existant indépendamment de nous et extérieurement à nous et alors, ce réel est le même pour tous et l’expérience que nous en faisons (tributaire de notre système sensoriel) doit être quasiment identique d’une personne à l’autre. Soit, nous le concevons comme totalement ou partiellement créé ou modifié de manière implicite (à notre insu) par des filtres personnels (des modèles, eux aussi le plus souvent implicites) et alors chacun peut, sans pour autant être considéré comme anormal, le « percevoir » de manière différente. Nous voilà, semble-t-il, bien loin de William Garner Sutherland et de l’ostéopathie crânienne. Voire ! Selon la manière dont nous envisageons le réel, les découvertes de Sutherland et notre manière de vivre l’ostéopathie crânienne peuvent être bien différentes.
Dans le premier cas, considérant le réel comme préexistant, extérieur à nous et indépendant de nous, nous nous plaçons de facto dans le contexte d’un observateur extérieur indépendant de ce qu’il observe. Il n’est alors qu’une vérité, la même pour tous, et ceux qui ne la ressentent pas ou sentent autre chose ne sont pas normaux. Si nous appliquons cela au concept crânien, les découvertes et affirmations de Sutherland quant au fonctionnement du mécanisme crânien sont vécues comme dogme et la pédagogie consiste à « faire entrer tout le monde dans le même moule » : tous doivent ressentir la même chose.
Cette voie comporte de nombreux inconvénients. L’un d’eux tient au fait que le mouvement des structures crâniennes étant particulièrement ténu, peu parviennent à le ressentir spontanément. Ne le percevant pas, la plupart pensent qu’il n’est pas réel, qu’il est affabulation : « je n’en fais pas l’expérience, donc, ça n’existe pas ». Et si par hasard ils ressentent autre chose, ils se pensent (ou on les dit) dans leur tort. Ainsi, l’accès au concept et surtout à son expérimentation se trouve d’emblée fermé à cause d’un simple problème de perception. Un autre inconvénient tient au fait que cette manière d’envisager les choses conduit à concevoir la vérité comme unique. C’est un chemin de potentiel combat, de heurts d’egos en mal d’avoir raison. C’est le chemin, hélas, pris par les ostéopathes (et leurs détracteurs) concernant le concept crânien.
Dans le second cas, la perception que nous avons du système crânien peut varier selon la représentation et les modèles (implicites ou explicites) que nous nous en sommes forgés. La pédagogie consiste alors à prendre la perception et à la comparer aux différents modèles anatomiques et biomécaniques auxquels nous permet d’accéder l’étude des structures crâniennes. Nous nous accordons le droit de ne pas tous sentir la même chose au même moment et au même endroit. Nous ouvrons la porte à l’interprétation de perceptions qui, au départ, ne sont pas forcément identiques pour tous. Nous admettons des variations possibles dans la perception du « réel ». Ne pas sentir la même chose n’est plus signe de « folie » mais devient la norme.
Évidemment, l’objection courante est de dire que dans ces conditions, n’importe qui peut percevoir n’importe quoi et prétendre que c’est vrai. Selon ce concept, en effet, les perceptions peuvent varier selon les observateurs/praticiens, sans que pour autant nous puissions prétendre qu’elles sont fausses. Mais remarquons tout de même, que la conception du mécanisme crânien repose sur un modèle anatomique dont nous déduisons un modèle biomécanique. Ainsi, nos modèles ne peuvent pas être si différents que cela et nos perceptions, même si elles varient légèrement, ne devraient pas non plus être radicalement différentes.
Cette deuxième voie, acceptant les différences et encourageant leur partage est source de richesses potentielles. C’est celle qu’a choisie Alfonso Gomez dans ce livre de présentation des structures ostéo-articulaires crâniennes et de leurs mouvements. Il nous dit en effet dans son introduction : « Pour permettre au lecteur de cet ouvrage d’établir son propre avis, j’ai souhaité ne pas exprimer mon point de vue. J’ai simplement désiré réunir la plupart des détails des descriptions anatomiques et biomécaniques des livres que l’on peut consulter dans les bibliothèques spécialisées pour en faire un outil de travail aussi objectif que possible.
Voilà donc un livre que tous les étudiants en ostéopathie devraient posséder et abondamment consulter. Il décrit brièvement et simplement les structures anatomiques articulaires crâniennes, propose les interprétations données par les différents auteurs et les variations dans la description et la perception du mouvement qui en découlent. Au lecteur ensuite d’établir sa propre vérité à l’aide de sa perception. C’est un chemin de réelle pédagogie, parce qu’il laisse le degré de liberté indispensable au véritable épanouissement.
Pierre Tricot
SOMMAIRE
Remerciements
Table des figures
Préface de Pierre Tricot
Introduction
Quelques indications concernant le texte
1. LE PARIÉTAL
2. LE FRONTAL
3. L’OCCIPITAL
4. LE TEMPORAL
5. LE SPHÉNOÏDE
6. L’ETHMOÏDE
7. LA MANDIBULE
8. LE MAXILLAIRE
9. LE PALATIN
10. L’OS ZYGOMATIQUE
11. L’OS NASAL
12. L’OS LACRYMAL
13. LE CORNET NASAL INFÉRIEUR
14. LE VOMER
BIBLIOGRAPHIE