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La Revue de l’Ostéopathie n°21

lundi 25 mars 2019 par La Revue de l’Ostéopathie

Éditorial

Chères lectrices, chers lecteurs,

L’essai contrôlé randomisé, ou ECR, est le design d’étude qui apporte le plus haut niveau de preuve scientifique en recherche clinique biomédicale.

Dans le domaine de la recherche pour l’évaluation de l’ostéopathie, les chercheurs accordent souvent beaucoup d’attention au protocole appliqué aux patients du groupe traité, et à la mesure de l‘efficacité thérapeutique. Mais comment interpréter des résultats observés sur un groupe unique, c’est-à-dire sur une série de cas traités ? La diminution d’une douleur mesurée – par exemple – par une échelle visuelle analogique, est-elle une mesure de l’efficacité « réelle » du traitement ostéopathique appliqué ? En effet, le résultat est également influencé par les variations naturelles et l’éventuelle régression spontanée des altérations de l’état de santé que l’on étudie, et par l’effet placebo. La constitution d’un groupe témoin permet de faire en sorte que les variations naturelles et la régression spontanée soient comparables. Cela crée une référence par rapport à laquelle le traitement évalué peut être mesuré, la différence observée entre les deux groupes étant alors attribuable à l’effet thérapeutique du traitement ostéopathique... auquel il faut ajouter l’effet placebo.

En pratique courante, l’effet placebo peut être considéré comme l’allié du clinicien, puisqu’il fait partie intégrante de la prise en charge du patient et qu’il lui apporte un effet bénéfique. En clair, lorsqu’il est présent, le patient est satisfait et le praticien aussi. En matière de recherche clinique, comment prendre en compte les effets placebo potentiellement générés, de manière apparemment paradoxale, par des traitements efficaces ? Comment contrôler les effets Hawthorne, Rosenthal (Pygmalion), John Henry ? L’essai contrôlé randomisé est fréquemment perçu par les ostéopathes comme impossible à mettre en œuvre dans leur domaine du fait de ne pouvoir disposer d’un groupe comparateur – ou contrôle – crédible, en raison de l’absence de placebo d’ostéopathie. Cette attitude est d’autant plus respectable qu’il est pertinent d’émettre l’hypothèse que les traitements ostéopathiques génèrent des effets placebos spécifiques. Et comment « aveugler » un patient par rapport au type de traitement manuel reçu ? Et comment aveugler un ostéopathe sur le type de traitement qu’il effectue ?

Ces problématiques sont partagées par d’autres disciplines, où les études en double aveugle, ou double insu, sont impossibles à réaliser : chirurgie, podologie, soins dentaires, thérapeutiques manuelles, etc. Différentes méthodes sont proposées dans ces situations, notamment pour les thérapeutiques manuelles où des méthodologistes préconisent d’appliquer des protocoles de simulation d’un traitement ostéopathique pour les patients du groupe témoin comme le light touch ou le sham treatment.

Ces propositions sont-elles acceptables dans le cadre de l’évaluation de l’efficacité de l’ostéopathie ? Question qui pourrait être l’objet d’échanges riches et fructueux sur le forum de La Revue de l’Ostéopathie, consacré uniquement à la recherche.

Pendant que les membres du comité éditorial préparent le prochain numéro, nous vous souhaitons une très bonne lecture de ce numéro 21.

Robert Meslé
Directeur de la publication

Sommaire

Éditorial, Robert Meslé

Une technique ostéopathique appliquée sur la région hépatique modifie-t-elle la quantité des composés organiques volatils expirés, reflet de la flore intestinale ? Essai clinique contrôlé, randomisé, en simple aveugle.
Camille Lelievre, Rémy Jandot, Bruno Donatini
La Revue de l’Ostéopathie. 2018 ;21:5-14.

Résumé
Introduction :
la santé intestinale et plus particulièrement du microbiote est de plus en plus étudiée en ce qui concerne les maladies de notre société. De nombreux articles scientifiques montrent le lien entre un dysfonctionnement de la glande hépatique et un déséquilibre du microbiote. L’ensemble de ces recherches nous montre que ce système est loin d’être compris dans son mécanisme physiologique. Le but de cette étude était d’évaluer l’action de la glande hépatique sur la quantité de COV (Composés Organiques Volatils) expirée par le biais d’une technique ostéopathique dite de motilité intrinsèque hépatique.
Méthodes : notre étude incluait des sujets sains entre 18 et 25 ans, a été randomisée en deux groupes (expérimental/ contrôle) et contenait 99 sujets. Elle consistait en la mesure des COV (méthylacétate, hydrogène et méthane) avant et après une technique ostéopathique appliquée à la région hépatique.
Résultats : on a démontré une diminution significative de l’hydrogène dans le groupe expérimental après la technique ostéopathique (p ≤ 0,05) et une diminution pour le méthylacétate et le méthane.
Conclusion : cette étude prouve qu’il y a une corrélation entre l’application d’une technique ostéopathique hépatique et la capacité du corps à réguler les COV expirés chez des sujets jeunes et sains, en particulier l’hydrogène. On peut supposer d’une part que le foie présente un lien physiologique avec les gaz digestifs et d’autre part que l’ostéopathie a une action bénéfique sur ce lien et donc sur un mécanisme physiologique méconnu à ce jour.
Mots-clés : microbiote, foie, COV (Composés Organiques Volatils), ostéopathie

Étude pilote de l’impact de techniques ostéopathiques appliquées à la loge viscérale du cou sur la performance vocale de chanteurs.
Mickaël Roos
 

La Revue de l’Ostéopathie.2018 ;21:15-24.

Résumé
Introduction :
Le chant est une fonction incontournable du corps humain. Outre son utilisation en tant que profession, le chant est également pratiqué quotidiennement par la plupart des gens. Il est donc intéressant d’avoir une certaine maitrise de sa voix. La voix est un empilement de paramètres anatomiques et physiologiques. Quel rôle l’ostéopathie peut-elle jouer dans l’amélioration et/ou la correction de la fonction vocale ?
Méthodes : étude expérimentale, contrôlée, randomisée, en simple aveugle. 15 sujets ont été répartis en deux groupes à l’aide d’une table de randomisation : expérimental (n = 9), recevant des techniques ostéopathiques appliquées à la loge viscérale du cou, et contrôle (n = 6), recevant des techniques simulées. L’échantillon est composé de chanteurs professionnels, semi-professionnels et amateurs. Les critères de jugement sont le rapport harmonique/bruit, la tenue de note sur le phonème « a », le calcul du gain de tessiture sur la note la plus aiguë et le questionnaire Voice Handicap Index adapté à la voix chantée. Les résultats sont recueillis immédiatement après les manipulations.
Résultats : tenue de note : le groupe expérimental a perdu 1,1 s (p = 0,343), le groupe contrôle a gagné 4,2 s (p = 0,028) ; le VHI a été davantage amélioré dans le groupe expérimental (-7,4 ; p = 0,025) que dans le groupe contrôle (-5,5 ; p = 0,093). Le gain d’intervalle moyen entre la note la plus aiguë avant et après prise en charge est de 3,4 quarts de ton pour le groupe expérimental et 0,2 quart de ton pour le groupe contrôle (p < 0,05).
Conclusion : les techniques ostéopathiques sur la loge antérieure et postérieure du cou ont un impact sur la voix du chanteur. Des études sont nécessaires pour évaluer si ces techniques pourraient être incorporées à un protocole global de prise en charge en ostéopathie.
Mots-clés : chanteur, hauteur de voix, tenue de note, tessiture, VHI, ostéopathie

Le nerf phrénique joue-t-il un double jeu ? Étude préliminaire sur l’interrelation entre la mobilité du rachis cervical et la mobilité du diaphragme.
Loren Bazin, Mathieu Ménard, Julien Lehuger, Hakim Mhadhbi, Marylène Bourgin

La Revue de l’Ostéopathie
. 2018 ;21:25-32.

Résumé
Objectif :
Un lien fonctionnel est fréquemment rapporté par les ostéopathes entre le traitement ostéopathique de la mobilité des cervicales et du diaphragme mais sans évidences scientifiques actuelles. L’objectif a été d’évaluer l’impact du traitement ostéopathique des cervicales sur le diaphragme et l’impact du traitement ostéopathique du diaphragme sur les cervicales.
Méthodes : Quatre ostéopathes ont réalisé un bilan ostéopathique de la région cervicale et du diaphragme de 32 participants présentant des cervicalgies. Les participants présentant des restrictions de mobilité (N = 25) dans les deux régions ont été retenus. Ils ont bénéficié d’un traitement du diaphragme (groupe Diaphragme, n = 11) ou des cervicales (groupe Cervicales, n = 8). Un troisième groupe n’a bénéficié d’aucun traitement (groupe Contrôle, n = 6). Le périmètre thoracique, les volumes d’expiration ainsi que les angles articulaires de la région cervicale ont été évalués avant et après le traitement.
Résultats : Une augmentation des amplitudes cervicales de flexion/extension a été rapportée pour le groupe Diaphragme (de 133,6 ± 13,7° à 140,9 ± 12,0°, p = 0,02 et ES = 0,57) ainsi qu’une augmentation des inclinaisons (de 95,6 ± 16,4° à 103,3 ± 14,7, p < 0,01 et ES = 0,49). Les résultats montrent également que le traitement des cervicales (groupe Cervicales) n’a eu d’impact ni sur le périmètre thoracique ni sur le rapport VEMS/VEMS6.
Conclusion : À l’aune des liens fonctionnels entre le diaphragme et les cervicales, l’existence d’une possible interrelation peut être envisagée via les chaines myo-fasciales et/ou le nerf phrénique. Cette étude constitue un point de départ vers de futures études sur les mécanismes neurologiques, biologiques, physiologiques mis en jeux lors du traitement ostéopathique.
Mots-clés : cervicalgie, lien fonctionnel, spirométrie, traitement ostéopathique

Perspectives ostéopathiques dans la prévention des chutes de la personne âgée.
Axel Vicart, Inès Santamaria, Agathe Wagner
La Revue de l’Ostéopathie. 2018 ;21:35-48.

Résumé
Contexte :
La chute de la personne âgée est une problématique majeure dont la prévention est basée sur la réduction des facteurs de risque. Il reste difficile à ce jour de choisir sur lesquels agir en priorité et par quelles stratégies thérapeutiques. La recherche ostéopathique dans ce domaine est présente mais limitée.
Objectifs : Recenser les principaux facteurs de risque de chute et évaluer les effets que l’ostéopathie pourrait avoir sur eux.
Méthodologie : Nous avons effectué une revue de la littérature d’études prospectives évaluant différents facteurs de risque de chute chez la personne âgée de 65 ans ou plus. Nous avons relevé les Odds Ratio et Risques Relatifs égaux ou supérieurs à 1,50 et ayant fait l’objet d’analyses ajustées. Une revue narrative des effets de l’ostéopathie sur ces facteurs a ensuite été menée.
Résultats : Nous avons sélectionné 22 études et recensé 53 facteurs de risque de chute répertoriés dans neuf catégories : données sociodémographiques, douleur, altérations sensorimotrices, capacité fonctionnelle, alimentation, état psycho-cognitif, antécédents, facteurs médicaux et traitements médicamenteux.
Discussion : L’objectif d’un traitement ostéopathique dans la prévention des chutes serait d’améliorer les capacités fonctionnelles, notamment la marche et la réalisation des tâches ménagères. Leur optimisation pourrait passer par la diminution de douleurs, l’augmentation de la mobilité et de l’équilibre, ainsi que la régulation de certains traitements médicamenteux. Des résultats potentiels sur certaines conditions non-musculo-squelettiques et psycho-cognitives pourraient également élargir le champ de vision du traitement ostéopathique dans le cadre de la prévention des chutes chez la personne âgée.
Mots-clés : chute, facteur de risque, personne âgée, traitement manipulatif ostéopathique, prévention

Conférence : La recherche sur la personne humaine. Ce qui change avec la loi Jardé 

Summary

Foreword, Robert Meslé

What effect does an osteopathic technique applied on the hepatic region has on the amount of volatile organic compounds expired in young and healthy subjects ? A controlled, randomised, single blinded clinical study.
Camille Lelievre, Rémy Jandot, Bruno Donatini
La Revue de l’Ostéopathie. 2018 ;21:5-14.

Abstract
Introduction :
More and more studies are performed on intestinal health, more precisely on the microbiote in connection to current societal diseases. Numerous articles show a link between hepatic gland dysfunction and microbiotic imbalance. These research also show that physiological mechanisms for this system are far from understood. This study aims to assess the action of the hepatic gland on the amount of VOC in the expired air, through the action of an osteopathic technique on the intrinsic hepatic mobility.
Methods : our study included 99 healthy subjects aged 18 to 25, randomised in two groups (experimental/control). We measured the VOC (methylacetate, hydrogen and methane) before and after an osteopathic technique applied to the hepatic region.
Results : Results showed a significant decrease of hydrogen concentration in the experimental group after the osteopathic technique (p ≤ 0.05) and a decrease for methylacetate and methane.
Discussion : This study shows a correlation between the use of an hepatic osteopathic technique and the body’s capacity to regulate expired VOC (in particular the hydrogen) in young, healthy subjects. We can assume first that the liver has a physiological link with digestive gas and second that osteopathy has a positive impact on this link, thus on a yet to be recognised physiological mechanism.
Keywords : liver, VOC (Volatile Organic Compounds), osteopathy

Impact of Osteopathic treatment of the visceral neck structures on vocal performance in Singers. A pilot study
Mickaël Roos
La Revue de l’Ostéopathie.2018 ;21:15-24.

Abstract
Introduction :
Singing is an essential function of the human body. Beside its professional use, it is frequent for most people to sing daily. Thus it is interesting to have a good mastery of one’s voice. Voice is an addition of parameters, both anatomical and physiological. What role can Osteopathy play in the correction or improvement of the vocal function ?
Methods : An experimental, controlled, randomised, single blinded study. 15 subjects were randomised in two groups : experimental (n = 9), receiving osteopathic techniques applied on the visceral anterior neck region, and control (n = 6) receiving sham techniques. The sample included professional, semi-professional and amateur singers. Judgement criteria were : harmonic/noise ratio, sustained note with the phoneme “a”, calculation of added range in the treble notes and the Voice Handicap Index questionnaire (VHI), with adaptions for the singing voice. Results were assessed immediately after manipulation.
Results : for the sustained note, experimental group lost 1.1 s (p = 0.343), control group gained 4.2 s (p = 0.028), VHI was improved more in the experimental group (-7.4 ; p = 0.025) than in the control group (-5.5 ; p = 0.093). The mean improvement of the interval between highest treble note before and after techniques is 3.4 quarters of a tone Vs 0.2 for the control group (p < 0.05).
Conclusion : osteopathic techniques on the anterior and posterior aspects of the neck have an impact on the singer’s voice. Subsequent studies would be necessary in order to assess if and how these techniques could be included in a global osteopathic care protocol.
Keywords : singer, voice range, note sustain, range, VHI, osteopathy

Is the phrenic nerve double-playing us ? A preliminary study on the interrelation between cervical mobility and diaphragm mobility.
Loren Bazin, Mathieu Ménard, Julien Lehuger, Hakim Mhadhbi, Marylène Bourgin
La Revue de l’Ostéopathie. 2018 ;21:25-32.

Abstract
Aim :
Osteopaths frequently report a functional link between osteopathic treatment of the cervical spine and diaphragm, without actual scientific element to support it. Our aim was to assess the impact of cervical osteopathic treatment on the diaphragm, and the impact of diaphragm osteopathic treatment on the cervicals.
Methods : Four osteopaths realised an osteopathic assessment of the cervical region and diaphragm in 32 people presenting with cervicalgia. Participants found with restricted mobility in both regions (N = 25) were included in the study. One group (Diaphragm, n = 11) received a Diaphragm treatment, a second (Cervicals, n = 8) a cervical treatment, and a control group (control, n = 8) received no treatment. Thoracic perimeter, expiratory volumes and articular angles in the cervical region were assessed before and after treatment.
Results : The Diaphragm group showed an increased range of movement in the cervicals, in flexion-extension (from 133.6 ± 13.7° to 140.9 ± 12.0°, p = 0.02 and ES = 0.57) as well as in side-bending (from 95.6 ± 16.4° to 103.3 ± 14.7, p < 0.01 and ES = 0.49). Results also showed that cervical treatment (Cervicals group) had no impact on thoracic perimeter or on the expiratory volumes.
Conclusion : Myofascial structures, which connect cervical spine and diaphragm or/and the phrenic nerve, may explain the relation ring to the fore in this study. Could it have a double-play role in the osteopathic treatment ?
Keywords : cervical pain, cervicalgia, functional link, spirometer, osteopathic treatment

Preventing falls among the elderly : osteopathic perspectives.
Axel Vicart, Inès Santamaria, Agathe Wagner
La Revue de l’Ostéopathie.2018 ;21:35-48.

Abstract
Context :
falls are a major health issue in the elderly population. Preventing them is based on reducing the risk factors. However, to this day it is still complicated to priories which risks to target and how. There is currently very few osteopathic research in this field.
Aim : Identify the different risk factors for falls and assess potential effects of Osteopathic Care on them.
Methods : We performed a literary review of prospectives studies assessing risk factors toward falls in people over 65. We compiled the Odds Ratio and Relative Risks equal or above 1.5 including adjusted analyses. A narrative review was then conducted on effects that an osteopathic treatment could have on identified factors.
Results : We selected 22 studies and counted 53 risk factors for falls, dispatched in nine categories : socio-demographic data, pain, sensorimotor impairment, functional capacity, diet, psycho-cognitive state, patient history, medical factors and drug treatment.
Discussion : The aim for an osteopathic treatment toward fall prevention would be to improve functional capacities, specifically the gait and housework ability. This would mean decreasing pain, improving mobility and balance and adjusting medication. Potential results on psycho-cognitive and non-musculo-skeletal conditions could also expand the scope of osteopathic reflexion and treatment for fall prevention in the elderly.
Keywords : fall, risk factor, elderly, osteopathic manipulative treatment, OMT, prevention

News : Review
Conférence : La recherche sur la personne humaine. Ce qui change avec la loi Jardé 

Cette page a été créée en accord avec Robert Meslé, Directeur de la publication


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