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Approche ostéopathique de la force de traction médullaire

Amandine BOISSELEAU
 
mercredi 8 juillet 2015 par Amandine BOISSELEAU

Approche ostéopathique de la force de traction médullaire

Amandine BOISSELEAU


Extraits de la thèse pour le diplôme d’État de Docteur vétérinaire présentée et soutenue publiquement le 7 Novembre 2012
Référence : BOISSELEAU, A. (2012). La Force de Traction Médullaire : Étude bibliographique. Thèse de doctorat vétérinaire, Faculté de Médecine, Nantes. ONIRIS : Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de L’alimentation Nantes Atlantique, 163p.

Le Site de l’Ostéopathie remercie le Dr Amandine Boisseleau de l’avoir autorisé à publier sa thèse


Résumé

Ce travail a pour objectif de présenter une notion émergente en ostéopathie vétérinaire, la Force de Traction Médullaire (FTM), à partir des données bibliographiques disponibles en médecine humaine et vétérinaire. Après avoir établi les bases embryologiques et anatomiques nécessaires à la compréhension de cette notion, une définition de la FTM est proposée ainsi que les mécanismes pathophysiologiques et les conséquences cliniques qui en découlent. L’approche ostéopathique de la FTM est ensuite abordée et illustrée par quelques cas cliniques, permettant de comprendre son application concrète en consultation.
Mots-clés : Ostéopathie, mammifères, moelle épinière, neurologie, orthopédie, SNC, méninge, cas clinique, syringomyélie, scoliose, rachis, malformation de Chiari.


Abstract

This work aims to present an emerging concept in veterinary osteopathy, Medullary Traction Force, from bibliographic data available in human and veterinary medicine. Having established the embryological and anatomical bases necessary for the understanding of this notion, a definition of FTM is proposed as the pathophysiological mechanisms and clinical consequences that result. The osteopathic approach is then discussed and illustrated by some clinical cases, to understand its practical application in consultation.tab Introduction - Sommaire


III . Approche ostéopathique de la force de traction médullaire

 Introduction

Maintenant que la force de traction médullaire a été expliquée d’un point de vue anatomique et purement scientifique, nous allons voir comment les ostéopathes se sont approprié cette notion dans leur pratique courante depuis quelques années en France. En effet, plusieurs ostéopathes ont tenté de sentir cette FTM et de la soigner. Les résultats des manipulations ont été régulièrement satisfaisants, encourageant les ostéopathes à insérer le test et le traitement de la FTM dans leur examen ostéopathique. De façon empirique, ils ont reconnu l’utilité de cette notion et ont apprécié son usage dans certaines situations que nous allons présenter sous formes de quelques cas cliniques. Il s’est avéré que les présentations cliniques de la FTM et les résultats après son traitement étaient en adéquation avec les notions abordées dans les parties précédentes. L’ostéopathie permet une approche différente de cette notion, moins invasive et peut être plus précoce. De plus, elle considère le corps dans son entier, ce qui a permis de réaliser des interrelations entre la FTM et les autres dysfonctionnements de l’organisme.

Avant d’aborder le ressenti et le traitement de la FTM, un bref rappel sur l’ostéopathie est nécessaire, ainsi que sur la notion fondamentale de la tenségrité. Ensuite, en se basant sur quelques cas cliniques, la notion de FTM sera abordée d’un point de vue ostéopathique, ainsi que les nouvelles perspectives qu’elle apporte en ostéopathie.


Sommaire

A . Les grands principes de l’ostéopathie
 1 . Définition de l’ostéopathie [119]
 2 . Notion de dysfonction ostéopathique
 a . Définition de la dysfonction ostéopathique
 b . Notion de dysfonction primaire et secondaire
 3 . Notion de tenségrité et d’un modèle de tenségrité d’auto-compensation
 a . Principe de tenségrité
 b . Tenségrité cellulaire
 c . Ostéopathie et tenségrité
 d . Vers un modèle tenségritif d’auto-compensation
 4 . Techniques ostéopathiques
 a . Présentation
 b . Technique tissulaire.
 B . Application clinique
 1. Le ressenti de la FTM
 a . Application de la technique tissulaire à la moelle épinière
 b . Traitement d’une FTM trop élevée
 c . Validation du traitement
 2 . Présentation de la consultation ostéopathique
 a . Déroulement de la consultation ostéopathique
 b . Suites de la consultation


A . Les grands principes de l’ostéopathie

1 . Définition de l’ostéopathie [119]

Andrew Taylor Still, fondateur de la première école d’ostéopathie en Amérique, a inventé le mot anglais « osteopathy » en accolant « osteo » (osteum, os) à « path » (le chemin). On peut comprendre ce mot comme une « pratique qui se sert des os comme point d’appui ou comme levier » [120] mais l’ostéopathie ne se limite pas à cette définition. Still avait remarqué qu’un « dérangement » dans une articulation (une perte de mobilité suite à une entorse par exemple) pouvait entraîner une réaction en chaîne et provoquer un déséquilibre dans l’harmonie du corps. Il définit l’ostéopathie par « Mouvement Matière —Esprit », l’esprit et la matière ne pouvant exister sans mouvement. L’ostéopathie a pour but d’estimer les pertes de mobilité des différents éléments de structure du patient, d’en déterminer l’origine, et de les résoudre manuellement. Elle peut donc être définie comme une pratique qui vise à harmoniser les rapports de mobilité et de fluidité des structures anatomiques aux moyens d’ajustement précis [120].

Si l’ostéopathie a évolué dans sa façon d’être utilisée, elle reste fidèle aux principes élaborés par Still [119] :

- Le premier, « la continuité de l’organisme », consiste à considérer le corps comme une entité fonctionnelle. Lorsqu’une fonction est lésée, les autres fonctions de l’organisme sont modifiées de façon à compenser la première lésion.
- Le deuxième se base sur le fait que « la structure gouverne la fonction » et que « le mouvement autorise la vie ». Ceci signifie que toute anomalie dans la structure musculosquelettique du corps peut déclencher un dysfonctionnement global et la mise en jeu de toutes les autres parties du corps.
- Le troisième est la règle de « l’artère est absolue ». Still déclare : « L’artère ne doit pas être obstruée, sinon la maladie en résulte. Je proclame ensuite que tous les muscles dépendent du système artériel pour leurs qualités comme la sensation, la nutrition, le mouvement, et même que par la loi de réciprocité, ils fournissent la force, la nutrition, la sensibilité à l’artère elle-même ». « Le pouvoir général et spécifique de tous les nerfs doit être libre d’aller partout dans le corps sans les obstructions causées par un os mal placé, un muscle rétracté, raccourci ou étiré, un nerf, une veine, une artère ». L’ostéopathie a pour but de favoriser la communication entre les différents organes et tissus. La circulation du sang doit être libre et les influx nerveux doivent se transmettre sans contrainte.
- Enfin, le dernier principe est le « potentiel d’auto-guérison » de l’organisme. Celui-ci peut, dans des conditions optimales de fonctionnement, mettre en jeu les mécanismes d’auto-défense, d’auto-régulation et d’auto-correction face aux agressions extérieures. Le but de l’ostéopathie est de rétablir le bon fonctionnement et l’équilibre de l’organisme qui lui sont indispensables pour pouvoir utiliser ce potentiel.

Un traitement rationnel est fondé sur cette philosophie et ses principes. Il favorise le concept structure-fonction dans son approche diagnostique et thérapeutique par des moyens manuels. Ainsi, l’ostéopathie apparaît comme une thérapie considérant le corps dans son ensemble et la continuité des structures entre elles. Les mains représentent l’outil précieux du thérapeute pour l’écoute, le diagnostic et le traitement. L’ostéopathe mobilise les articulations, les tissus mous, les fluides organiques, et l’énergie du patient.


2 . Notion de dysfonction ostéopathique

a . Définition de la dysfonction ostéopathique

Au sens de l’ostéopathie, la lésion est essentiellement une altération d’ordre fonctionnel, c’est pourquoi on parlera surtout de « dysfonction ostéopathique » appelée aussi « dysfonction somatique ». Les altérations anatomiques et histologiques restent minimes ou dans les limites physiologiques, mais suffisantes pour engendrer des gênes fonctionnelles de l’organe affecté avec des répercussions sur d’autres segments, d’autres organes, voire sur l’ensemble de l’organisme.

Selon Still, une dysfonction est une restriction de mobilité partielle ou totale à même de conditionner la vascularisation et de perturber la fonction des neurones autonomes et somatiques du segment médullaire en rapport, avec toutes les conséquences neurovégétatives que l’on peut envisager à plus ou moins long terme, sur les fonctions viscérales correspondantes.

Les dysfonctions les plus facilement concevables et les plus représentatives sont les dysfonctions qui concernent les organes dont la fonction est précisément le mouvement : le système musculosquelettique. Les dysfonctions vertébrales ont effectivement une importance de premier ordre en ostéopathie, mais une dysfonction peut siéger partout dans l’organisme, dans n’importe quel organe.

Lorsqu’un stimulus agressif s’applique à un segment vertébral (ou tout autre de l’appareil locomoteur) ou tout autre organe, trois réponses sont possibles [37,119] :

- la réponse est réversible : la situation engendrée s’annule dès que la contrainte cesse : cela correspond à la réaction physiologique,
- la réponse est irréversible le système structurel est détérioré et c’est la lésion pathologique : fractures, luxations, arrachements musculaires ou ligamentaires...
- la réponse est réversible persiste anormalement alors que la contrainte a cessé ; cela correspond à la dysfonction ostéopathique.

La dysfonction ostéopathique se traduit par des tensions autour de l’organe considéré qui l’empêche de se mouvoir et d’échanger normalement avec son entourage. « Il s’ensuit une entrave à l’écoulement paisible de l’énergie ou du sang dans les canaux habituels (nerfs, méridiens, vaisseaux) » (Lizon cité par Dagain [119]). Cela se traduit par des spasmes musculaires et une adaptation antalgique de l’animal à ces tensions. Les ostéopathes sont capables de ressentir cette dysfonction par la main. Une dysfonction en L3 par exemple se traduit par une sensation de tension ou d’absence de mobilité au niveau de la vertèbre L3.

D’un point de vue biochimique, la dysfonction ostéopathique se caractériserait d’après le Professeur Korr [132] par une activité gamma augmentée au niveau des motoneurones musculaires. Les fuseaux neuro-musculaires sont alors raccourcis et déchargent en permanence, exagérant l’activité des motononeurones alpha. Le tonus des fibres musculaires est augmenté et leur raccourcissement est maintenu sans qu’elles puissent se relâcher et se détendre. Korr parle alors de « segment facilité » : le segment médullaire contrôlant le segment articulaire affecté se trouve alors en état d’hyper-réactivité, et présente un seuil d’excitation beaucoup plus bas que ses voisins. D’où un état de contracture ou de spasme entretenu, qui entraîne une perturbation de la vascularisation locale et une irrigation insuffisante du muscle. L’ischémie ainsi obtenue empêche le métabolisme normal des fibres musculaires, la contracture se fixe et un cercle vicieux s’installe [119]. Si nous prenons l’exemple de l’estomac, l’innervation orthosympathique de ce dernier provient des segments médullaires T5 à T9. Lors d’une gastrite chronique ou d’un ulcère, l’estomac soufrant va bombarder d’informations neurologiques ces segments médullaires qui seront alors « facilités ». Ceci va provoquer une augmentation du tonus musculaire des muscles para-vertébraux correspondant. Ces muscles vont se fibroser et entrainer avec eux une perte de mobilité de ces étages vertébraux, associée éventuellement à une douleur.

Toutes les structures de l’organisme peuvent donc influer les unes sur les autres lorsqu’elles sont victimes d’une dysfonction ostéopathique. « Toute lésion primaire viscérale a une réponse somatique crânio-sacro-rachidienne. Toute lésion somatique périphérique a une réponse somatique. Toute lésion crânio-sacro-rachidienne a une réponse viscérale. Une lésion viscérale peut avoir une réponse viscérale » (Lizon cité par Dagain [119]).

Certaines restrictions vont être plus importantes que d’autres, et certaines dysfonctions somatiques vont entrainer d’autres dysfonctions. De là va naître les termes de dysfonctions primaires et de dysfonctions secondaires.


b . Notion de dysfonction primaire et secondaire

La norme lors d’une dysfonction est l’auto-guérison. Parfois, il arrive que le désordre résiste aux processus d’auto-guérison et que le problème persiste voire s’étende.

Une dysfonction primaire va engendrer les plus grandes perturbations mécaniques. Elles sont souvent issues d’un traumatisme important (accident de voiture, chute, opération, affection de l’organe concerné, fracture) ou répété (affection chronique d’un organe).

Une dysfonction secondaire apparait comme compensation d’une dysfonction primaire. Une amélioration de la dysfonction primaire entrainera un changement de compensation qui se traduira généralement par une dissipation des dysfonctions secondaires. Mais si une dysfonction secondaire devient trop chronique celle-ci peut à son tour devenir primaire.

L’ostéopathie a alors pour but de rétablir l’harmonie entre toutes les structures. La dysfonction ostéopathique primaire peut engendrer, à distance, sur d’autres structures de l’organisme, des dysfonctions secondaires, avec des conséquences cliniques diverses [119].


3 . Notion de tenségrité et d’un modèle de tenségrité d’auto-compensation

a . Principe de tenségrité
Figure 53 : Simplex à 3 barres. Sous cet angle, apparaissent nettement les 2 triangles situés dans plans parallèles et formant entre eux un angle de 30°, condition de la stabilité du système, la longueur des barres n’important pas [121]

Le modèle de tenségrité est connu depuis les années 40, il est le fruit d’une collaboration entre architectes et sculpteurs qui ont découvert cette notion. Sa définition est la suivante :

« Un système de tenségrité est un système dans un état d’auto-équilibre stable comprenant un ensemble discontinu de composants comprimés à l’intérieur d’un continuum de composants tendus » (Motro 1997, Raducanu 2001) [121].

Des modèles aux géométries variables ont été créés, mettant en évidence l’auto-équilibre permis par la tenségrité (cf. figure 53).

Un tel système est en état d’auto-contrainte permanent et indépendant de la gravité. Cette auto-contrainte est à la base de mécanismes dits de second ordre ou infinitésimaux, c’est-à-dire que tout nœud (point de jonction entre barre et câble) déplacé revient à sa position initiale. Les structures de tenségrité sont légères, résistantes et résilientes (le choc se « dilue » dans la totalité de la structure).

« La tenségrité décrit un principe de relation d’ordre structurale dans laquelle la morphologie est garantie par le comportement de la tension - refermée sur elle-même et totalement continue - du système, et non par le comportement, discontinu et exclusivement local, des éléments en compression » [122].

Le pliage d’un module est réalisable bien que l’opération soit délicate. Le pliage/dépliage de structures complexes est théoriquement possible. Par variation progressive de la longueur des éléments et/ou des tensions dans les câbles, on peut générer des mécanismes et les contrôler. La structure peut ainsi être déformée et pliée tout en maintenant une autocontrainte dans certains plans. Toutes les études démontrent que les structures de tenségrité possèdent un comportement élastique et réversible, mais extériorisent une relation contrainte/déformation non-linéaire [121].

b . Tenségrité cellulaire
Figure 54 : Cytosquelette d’une cellule de mammifère [121]

À partir de 1975, Ingber note une analogie entre les modèles de tenségrité connus et le modèle cellulaire. Des recherches ont alors été faites au niveau des microstructures type cytosquelette, matrice extracellulaire, jonctions intercellulaires (intégrines, cadhérines), ainsi qu’en biomécanique cellulaire. C’est ainsi qu’est né le principe de tenségrité cellulaire (cf. figure 54). Les modèles de tenségrité ont été reconnus jusqu’à la structure de l’ADN [121].

La tenségrité cellulaire a permis alors d’expliquer certains aspects structurels et fonctionnels de la mécanotransduction, permettant la transformation d’un signal mécanique en une réponse chimique. Elle participe à tous les phénomènes de la vie cellulaire : modifications de forme cellulaire et nucléaire, mobilité cellulaire, déplacements d’organites, métabolisme général, synthèse protéique, croissance, différentiation, division ou apoptose, équilibres thermodynamiques, cinétiques de réaction, etc.

On peut rapprocher ce modèle de tenségrité au système nerveux, composé d’un ensemble de cellules, toutes détentrices d’un cytosquelette constitué de microtubules, reliées entre elle par des jonctions intercellulaires. L’ensemble de ces cellules forment un modèle de tenségrité qui peut être déformé sans que cela ne change l’équilibre de la structure jusqu’à un certain niveau de contrainte. La relation entre la contrainte et la déformation a une forme de J (cf. figure 55).

Figure 55 : Courbes contrainte/déformation de cellules endothéliales en forme de J [121]

Pour une précontrainte donnée, la rigidité augmente en fonction de la déformation. Pour une déformation donnée, la rigidité augmente en fonction de la précontrainte, ce qui se traduit par un décalage des courbes vers le haut. Plus la précontrainte est importante, plus la structure est rigide et plus la déformation est importante. La tension de la moelle épinière est nécessaire au bon fonctionnement de ces cellules, notamment de la mécanotransduction. Cependant, si cette tension est trop élevée, la moelle épinière est moins malléable, les cellules ne fonctionnent pas normalement [121]. tab Ostéopathie et tenségrité

c . Ostéopathie et tenségrité

Mégret [121] est le premier à avoir appliqué ce modèle de tenségrité à l’ostéopathie. Il se base sur le fait que les éléments du cytosquelette se comportent comme les éléments d’un module de tenségrité. Sous l’effet d’une contrainte externe, ils s’alignent globalement dans le sens de cette contrainte. De plus, un accroissement de tension en partie basale entraîne une restructuration du réseau de microfilaments d’actine en partie apicale. En supposant que les pressions ou les tractions mises en œuvre lors d’une technique ostéopathique (test ou correction) “atteignent” le niveau cellulaire, la géométrie des éléments du cytosquelette (ou de la matrice extracellulaire) sera modifiée avec pour première conséquence, un changement dans l’équilibre des forces. La tension par la main permet de modifier la courbe de tenségrité et de fluidifier les cellules denses.

Les structures de tenségrité sont caractérisées par le concept d’interaction, c’est-à-dire la présence de jeux d’actions et de réactions entre les éléments et sous-parties, souvent à distance. Dans les gilles de tenségrité qui ont été établies, une faible variation de tension dans un câble peut générer des variations de tensions importantes à distance étant donné que les éléments appartiennent au même état d’auto-contrainte élémentaire. Cette notion est fondamentale pour comprendre les mécanismes physiologiques, pathologiques et thérapeutiques.

La tenségrité permet alors d’éclaircir la notion de continuité utilisée pour comprendre la notion de force de traction médullaire. En effet, la moelle épinière est une structure en tenségrité, comme un câble en quelque sorte, qui relie les attaches crâniale et caudale de la moelle épinière. En suivant les grilles de tenségrité, une faible variation de tension appliquée à une des extrémités peut donc générer des variations de tensions importantes à l’autre extrémité. Cette information est à moduler car nous avons vu que la moelle épinière n’est pas un simple câble dans un tube mais est relié à plusieurs structures qui modulent les tensions à laquelle elle est soumise (ligaments dentelés, racines nerveuses etc.). Cependant, il paraît logique par ce principe qu’une tension appliquée caudalement sur la moelle épinière puisse avoir une répercussion plus ou moins importante tout le long de la moelle, jusqu’à son extrémité crâniale. Cela permet d’appuyer les hypothèses formulées ci-avant sur l’implication de la FTM dans la pathophysiologie de la malformation de Chiari et de la syringomyélie, entre autres.

Par ailleurs, la tenségrité apporte un élément d’explication à la réaction de la moelle à l’étirement par augmentation de sa longueur. En effet, l’importance des facteurs mécaniques dans la croissance axonale à été soulignée comme type de mécanotransduction « thermodynamique » (Buxbaum et Heindemann cités par Mégret [121]). Le rôle des transferts de force entre l’axone en croissance et la matrice périphérique est établi, l’assemblage des neurotubules pouvant être induit par l’application d’une tension externe directement sur l’axolemme (fine membrane entourant l’axone et permettant de conduire l’influx nerveux sans parasitage de l’environnement). Le principe directeur de la tension excessive sur la moelle épinière reste inconnu mais la tenségrité nous apporte un élément de compréhension de cette tension et un moyen de la tester. tab Vers un modèle

d . Vers un modèle tenségritif d’auto-compensation

Dans un modèle global de tenségrité et pour faciliter le diagnostic et le traitement ostéopathique, Chêne a tenté de rassembler dans une même entité différentes notions : la tenségrité, la FTM et la torsion physiologique chez l’Homme [32].

La torsion physiologique est une notion introduite par un ostéopathe humain, Yves Guillard, qui s’est aperçu de l’existence d’une torsion mise en place pendant le développement embryonnaire, fonctionnant autour d’un axe antéropostérieur passant par l’ombilic ou par le cordon ombilical chez le fœtus. Il la considère comme une composante du MRP. Le Mouvement Respiratoire Primaire (MRP) est un mouvement alternatif complexe que ressent l’ostéopathe et qui met en relation la tête et le bassin et fait vibrer toutes les cellules de l’organisme. Il est utilisé dans les techniques crânio-sacrées. Guillard considère qu’un blocage de la torsion physiologique est à l’origine de l’apparition de scoliose ou d’une parascoliose (torsion générale du corps passant généralement inaperçue) [123].

Chêne a alors travaillé sur la notion d’hélice fasciale qui englobe le corps sur toute sa surface, en considérant que tout corps est composé d’hélices gauches. Par exemple, l’ADN est une hélice gauche, les protéines se positionnent en hélice gauche, les microfibrilles de collagène sont organisées en hélice gauche et la FTM elle-même se déploie en hélice gauche vers l’avant. Le corps semble s’organiser en hélices/ressorts qui s’auto-contraignent (des hélices droites qui compensent des hélices gauches).

Il a alors imaginé un système en tenségrité constitué de la FTM, des hélices fasciales et de la rotation des viscères (cf. figure 56) :

Figure 56 Représentation schématique de l’hélice fasciale chez un chien [32].
En bleu : la FTM ; en orange l’hélice fasciale ; en vert : les différents ressorts/réservoirs de tension, à savoir les viscères (poumons, tube digestif, sphère laryngée)

1 - La force de traction médullaire, d’après sa définition, entretient une tension nerveuse permanente qui organise le fonctionnement du SNC et qui est responsable en partie de la disposition des courbes de la colonne vertébrale.
2 - Elle est contre balancée en externe par une hélice fasciale qui donne la structure au mouvement de la torsion physiologique. Cette hélice part des vertèbres coccygiennes, passe le long du périnée puis du pubis remonte le long de l’iliaque gauche, passe au dessus du thorax au niveau du point d’inflexion de la colonne vertébrale, se poursuit derrière le membre thoracique droit, passe entre les membres thoraciques, remonte l’encolure sur son côté gauche, passe sous la mandibule droite et atterrit au point d’insertion de la faux du cerveau en étant passé par le palatin et l’articulation temporo-mandibulaire gauche.
3 - Les viscères sont appendus par des pédicules au SNC ou à la colonne vertébrale. Nous avons vu la relation étroite entre une dysfonction viscérale et une dysfonction vertébrale. En effet, une stimulation nerveuse d’un organe en souffrance entraîne la facilitation d’un segment médullaire, à l’origine d’une dysfonction vertébrale qui est détectée par l’ostéopathe. Inversement, les organes constitueraient un réservoir de torsion capable d’emmagasiner les forces en excès sur le SNC. Les viscères sont donc considérés comme des « ressorts » qui sont susceptibles de compenser un excès de FTM ou au contraire en induire une en cas de dysfonction.
4 - Les diaphragmes (crânien, thoracique et pelvien) servent de lame de torsion dans le plan perpendiculaire.

Ce système complexe et en équilibre permet la mise en résonnance du MRP et de sa composante de torsion physiologique. Toute modification d’une de ses composantes entraîne une compensation par les autres, afin de garder un état d’équilibre. Prenons l’exemple d’un jeune chien en croissance présentant une FTM élevée. Cette tension médullaire est compensée par les ressorts viscéraux, thoraciques ou abdominaux, et ceci peut se manifester par des signes digestifs (vomissements, diarrhées). Inversement, un épisode de coliques chez un cheval peut conduire à une augmentation compensatrice de la FTM [124]. Les cas cliniques ci-après permettront d’illustrer ce modèle en tenségrité.


4 . Techniques ostéopathiques

a . Présentation

Chaque type de technique ostéopathique allie à la fois les tests ostéopathiques (qui permettent de détecter et de caractériser la ou les dysfonctions, aux techniques de traitement de ces dysfonctions ou techniques de normalisation. Un nouveau test ostéopathique suit généralement pour évaluer l’effet immédiat du traitement. En pratique, étant donné que tests et manœuvres correctrices sont de même nature, il est possible de traiter une dysfonction dès son diagnostic [32,125].

Les tests ostéopathiques ont pour objectif de déceler les restrictions de mouvement caractérisant une dysfonction ostéopathique, des plus flagrantes aux plus infimes. Les techniques de normalisation permettent d’aider l’organisme à retrouver une liberté de mouvement, physiologique dans l’idéal, du moins plus ample et moins douloureuse.

Les techniques de normalisation sont variées et leurs limites sont floues. Chêne [32] propose une classification selon :

- le tissu ou le niveau d’énergie concerné en priorité
- la façon d’agir : la manipulation est dite directe si elle va contre la restriction de mobilité, et indirecte si elle va dans le sens de la plus grande mobilité pour gagner dans le sens de la restriction.

On différencie les techniques structurelles, les techniques myotensives, les techniques fasciales, les techniques crânio-sacrées, les techniques fonctionnelles, les techniques réflexes, les techniques viscérales, les techniques tissulaires ...

Nous ne détaillerons que la technique tissulaire utilisée pour le ressenti et le traitement de la FTM. Cependant, les patients ne présentent généralement pas qu’une seule dysfonction ostéopathique. Au cours d’une séance d’ostéopathie, l’ostéopathe est amené à utiliser successivement plusieurs techniques dans le but de lever chaque dysfonction rencontrée.

b . Technique tissulaire.

L’approche tissulaire a été conceptualisée en premier lieu par Upledger qui a mis en évidence que toute structure vivante est capable de mémoriser les tensions physiques auxquelles elle est soumise [126].

L’approche tissulaire a permis de comprendre que les mouvements spontanés non physiologiques ressentis, comme lors de techniques fasciales, correspondaient à une restriction de mobilité au sein d’un tissu. En effet, les fascias ne sont pas les seules structures corporelles sujettes à des restrictions de mouvement. Toutes les structures corporelles peuvent voir leur mobilité tissulaire profonde altérée pour des raisons traumatiques, émotionnelles ou métaboliques. Les différents points de fixité tissulaires ainsi engendrés sont à l’origine de compensations par les tissus périphériques, qui conduisent à terme à l’apparition de signes cliniques.

L’approche tissulaire a pour objectif de libérer les restrictions de mobilité par le déroulement de cycles de mouvements après mise en place d’un certain nombre de paramètres. Ces paramètres peuvent être classés en deux grandes catégories : les paramètres objectifs et les paramètres subjectifs.

Les paramètres objectifs sont :

- La densité perçue comme une compacité, duc à l’immobilité du tissu.
- La tension, comme un ballon trop gonflé, correspondant à l’intensité de la restriction de mouvement.
- La vitesse, correspondant à l’inertie tissulaire et à une relation espace-temps.

Les paramètres subjectifs sont :

- La présence, qui correspond à l’enracinement du praticien, lui permettant de lâcher-prise, tout en étant présent dans ce qu’il fait.
- L’attention, soit « l’action de se concentrer sur quelque chose ou quelqu’un, de s’appliquer, état de vigilance » [42]. Elle permet de circonscrire un espace de perception virtuel et de discriminer les stimuli sensoriels auxquels l’ostéopathe s’intéresse.
- L’intention, c’est-à-dire un « dessein délibéré d’accomplir tel ou tel acte ou volonté » [42]. Il s’agit de la modulation de l’attention à laquelle l’ostéopathe donne un sens, une forme et qui permet de formuler une demande.

La parfaite synchronisation des ces six paramètres par rapport aux tissus du patient permet à l’ostéopathe de sentir les manifestations de la restriction de mobilité au sein du tissu et de sa libération consécutive par le mouvement.

En résumé, la technique tissulaire consiste à :

- rechercher les zones de restriction de mobilité. Les points d’insertion des structures (par exemple, une des insertions de la moelle épinière aux vertèbres : le filum terminale) sont les zones privilégiées de rétention car ce sont les connections des tissus mobiles (la moelle épinière) aux tissus adjacents beaucoup plus denses voire inertes (les vertèbres).
- prendre appui sur le tissu en restriction de mobilité et suivre/accompagner les cycles de mouvement de libération.

D’après Tricot [126], la première structure organisatrice de l’organisme serait la dure-mère. D’après les travaux d’Antonio Ruiz de Azua Mercadal [21], il s’agirait plutôt de la pie-mère, étroitement liée au SNC. Le complexe pie-mère/moelle épinière est un tissu sous tension, qui comme nous l’avons vu peut être l’objet de restriction de mobilité, à l’origine de répercussions sur la totalité de l’organisme suivant le principe de tenségrité. À ce titre, l’approche tissulaire est certainement une des techniques ostéopathiques les plus adaptés pour gérer la FTM. tab Application clinique

B . Application clinique

1 . Le ressenti de la FTM

a . Application de la technique tissulaire à la moelle épinière

En approche tissulaire, le ressenti de la FTM se fait par la main, c’est-à-dire en essayant de ressentir le tissu nerveux et la pie-mère qui l’entoure. Le ressenti de la FTM est aujourd’hui utilisé systématiquement par certains ostéopathes convaincus.
Comme nous l’avons vu, l’approche tissulaire se base essentiellement sur les points d’insertion, zones privilégiées de rétention d’énergie. Les points d’application de la FTM sont les régions d’attache de la moelle épinière, c’est-à-dire les insertions de la pie-mère.
Crânialement, le point d’application de la FTM correspond aux différents points de fixation du SNC (cf. I.C.2.), et les structures en continuité avec le système nerveux central comme les nerfs faciaux. Le nerf optique (II) joue certainement un rôle important, mais aussi les nerfs contenus dans les cavités trigéminales (III, IV, V, VI), qui peuvent être victimes de la FTM comme le suggère la théorie de la tenségrité [32]. Concrètement, la FTM est recherchée entre les deux yeux, au niveau des nerfs optiques, de la crista galli, de l’ethmoïde et de l’os sphénoïde. Les zones où cette tension est la plus évidente sont situées sur la base du crâne, les parties pétreuses du temporal et les apophyses clinoïdes postérieures.

Caudalement, la FTM est normalement recherchée au niveau de la localisation supposée du filum terminale, c’est-à-dire au niveau de la 4e ou de la 5e caudale (cf. figure 57). Elle peut néanmoins être recherchée un peu plus en arrière, sur une zone plus large. En effet, l’insertion du filum terminale varie avec l’âge et elle n’est pas aussi déterminée que ce qui est écrit dans les livres, comme l’ont montré E. Goyenvalle et C. Douart (cf. I-B.1.2.2.) [6].

Selon une approche tissulaire, l’ostéopathe adopte les différents principes énoncés ci-avant, c’est-à-dire présence et attention en premier lieu. Ensuite, il fixe son intention sur la structure qui l’intéresse, à savoir, dans le cas de la FTM, sur la moelle épinière et la pie-mère la recouvrant. Il exerce avec la main une pression au niveau d’un des points d’application de la FTM, la région sacro-caudale le plus souvent. Lorsque la pression exercée sur la moelle épinière correspond à la tension présente dans le tissu, une sensation de glissement plus ou moins rapide attire la main vers l’avant, vers la crista galli (insertion de la faux du cerveau). Ceci correspond au ressenti de la tension médullaire [32,127,128,130].

Figure 57 : Ressenti de la FTM au niveau de son insertion caudale
(Photo Amandine Boisseleau)

Il existe également un test simple qui permet de tester la FTM au niveau de l’œil. Il consiste à placer 3 doigts autour de l’œil et à y appliquer une pression. Si la tension du nerf optique est trop forte, l’œil semble vriller vers l’intérieur. Ce phénomène semble toucher préférentiellement l’œil gauche. Ceci peut être expliqué par le système de tenségrité global décrit par Chêne avec la notion d’hélice faciale. Cette hélice est un outil d’appréciation de la tension des tissus selon la réaction de la structure de l’organisme dans sa globalité [32].

Il est également possible de ressentir une FTM au niveau de tous les points d’attache de la moelle épinière décrits ci-avant (cf. II.B.1.). Cela peut être des traumatismes quelconques ayant entraîné des adhérences autour de la moelle et donc une insertion apparente de celle-ci (l’épidurale est un exemple fréquent en médecine humaine), ou de cicatrices de réparation de myéloméningocèle, lipomes sacrés ou autres masses spinales.

Quantifier la FTM serait intéressant pour pouvoir faire un suivi de cette FTM en fonction du traitement. Cependant, cette mesure est très subjective et dépend de l’opérateur. Il est alors important que l’ostéopathe se crée un différentiel via le ressenti de sa main auquel il peut se référer et pour lequel les mesures de FTM sont répétables.

La répétabilité du test entre les différents confrères est discutable. Néanmoins, sur un même cas tous les praticiens sont généralement d’accord sur la présence d’une FTM excessive, et sur la gravité de cette augmentation. Il est cependant plus intéressant de faire le suivi de ses propres cas afin d’évaluer l’évolution de la FTM d’une séance sur l’autre. Certains ostéopathes donnent une valeur en grammes de la FTM (entre 0 et 500 g le plus souvent), ce qui leur permet de suivre son évolution et certains estiment qu’une FTM de 20 à 30 g est normale [129]. Il n’est cependant pas essentiel de chiffrer la FTM, d’autant plus que nous n’avons aucun moyen de vérifier cette valeur et qu’elle ne change en rien le traitement
Il faut noter que la tension médullaire n’est pas forcément la même tout le long de la moelle. Certains tronçons peuvent être en hypertension et d’autres en hypotension ou même normaux. La main est capable de faire la différence entre ces différentes régions, ce qui constitue la richesse du diagnostic et permet la localisation de la lésion.

b . Traitement d’une FTM trop élevée

En ostéopathie, diagnostic et traitement ne sont généralement pas aussi différenciés qu’en médecine allopathique. Les problèmes sont résolus les uns après les autres à mesure qu’ils sont ressentis. Le traitement de la FTM se fait donc au moment même où elle est ressentie. En effet, une fois que par technique tissulaire la pression appliquée par la main correspond au niveau de tension de la moelle épinière, la main est attirée vers l’avant et elle suit la tension jusqu’à ce qu’elle se relâche. À ce moment, l’ostéopathe ressent généralement un déversement de la tension dans sa main et joue en quelque sort le rôle de relais à la terre de la tension, à l’image d’un circuit électrique [130,131].

c . Validation du traitement

Après cette manipulation, l’ostéopathe teste de nouveau la FTM, de la même manière qu’avant le traitement, et évalue si elle a augmenté, diminué, ou est redevenue normale. Le fait de considérer que la FTM est normale n’est réellement validé que par la clinique qui s’observe dans les prochains jours, voire quelques mois. Dans certaines situations, il est nécessaire de revenir tester la FTM régulièrement car celle-ci peut ré-augmenter après le traitement, ou demander plusieurs manipulations afin de rester normale. Il est possible que l’ostéopathe se trompe dans sa sensation mais la clinique apporte des résultats probants, comme nous allons le voir dans les prochains cas cliniques, qui témoignent de l’existence de la FTM [32,127,128].


2 . Présentation de la consultation ostéopathique

a . Déroulement de la consultation ostéopathique

Si la palette de techniques disponibles est identique pour tout ostéopathe, le déroulement de la consultation et le choix des tests diagnostiques et des techniques de normalisation est intimement dépendant de l’ostéopathe, en fonction de ses habitudes et de sa sensibilité, mais également du patient, selon son tempérament, ses problèmes et ses résistances.

La consultation d’ostéopathie suit plus ou moins toujours le même schéma [32,133] :

- Tout d’abord, l’ostéopathe recueille l’anamnèse et les commémoratifs comme pour une consultation classique.
- Ensuite, il observe la démarche du patient avant et après la manipulation. L’avis du propriétaire est important pour évaluer les améliorations à la suite du traitement car il a l’habitude d’observer son animal marcher et est plus à même de noter les modifications de la démarche.
- Il réalise un examen clinique classique afin d’écarter des affections où l’atteinte des structures est prépondérante et pour lesquelles le recours à la médecine allopathique est nécessaire dans un premier temps (fracture, intoxication, etc.). En effet, l’ostéopathie s’adresse aux cas où le fonctionnement de l’organe est défaillant et permet, selon le principe d’auto-guérison, d’aider l’organe et l’organisme dans son ensemble à retrouver leur état d’équilibre.
- Il procède ensuite à un examen ostéopathique et au traitement des dysfonctions ostéopathiques (par différentes techniques : dure-mérienne, tissulaire, fonctionnelles). Le traitement de la FTM est réalisé comme il a été décrit ci-avant. Pour chacun des cas, l’augmentation de la FTM n’est pas souvent l’unique anomalie présente à l’examen ostéopathique. Si le traitement de la FTM a permis dans certains cas de régler l’ensemble des dysfonctions, dans d’autres cas, d’autres dysfonctions ont été gérées en complément de la FTM. La façon dont se corrigent les dysfonctions permet à l’ostéopathe de déterminer s’il s’agit de dysfonctions primaires ou secondaires.
- À la fin de la consultation, l’ostéopathe donnent des conseils concernant le travail, l’alimentation et un éventuel traitement adjuvant (phytothérapie, homéopathie ou complément alimentaire) qui ne sont pas développés ici mais peuvent également participer à l’amélioration clinique des patients.

b . Suites de la consultation

Selon le type de techniques utilisées, les effets sont plus ou moins immédiats. Concernant le traitement de la FTM, les patients ont des réactions diverses lors de la manipulation. Certains suivent le mouvement avec la totalité de leur corps ou avec leur queue, d’autres vocalisent ou restent au contraire très calme. Cependant, il est courant d’observer des patients plutôt stressés en début de consultation se détendre peu à peu au fur et à mesure de la consultation, se relâcher, soupirer profondément, voire fréquemment bailler, en particulier suite au traitement de la FTM.

La guérison au sens ostéopathique du terme correspond à une évolution d’un état pathologique vers un nouvel état d’équilibre (l’homéostasie ou un état de mieux-être si la guérison ne peut être totale). Cette évolution permise par la levée des différentes dysfonctions peut être plus ou moins rapide selon l’affection et le patient concerné. Les effets bénéfiques commencent à se manifester parfois immédiatement après la manipulation, parfois de façon différée (jusqu’à 3 à 4 jours), et se prolongent ensuite pendant une période variable qui dépend des capacités d’auto-guérison de l’organisme. C’est pourquoi les résultats présentés dans les cas cliniques suivant été généralement rapportés par les propriétaires dans les jours voire semaine à venir.

Il peut arriver, et cela concerne quelques cas cliniques présentés ci-après, que des effets secondaires apparaissent à la suite de la consultation. Il peut s’agir :

- d’une période d’excitation ou au contraire d’un calme inhabituel de quelques heures, voire 1 à 2 jours.
- d’une aggravation passagère des signes cliniques de 24 à 48 heures avant leur rémission.
- de l’apparition d’autres signes cliniques, soit parce que la levée de certaines dysfonctions a permis l’expression d’autres dysfonctions masquées par la première, soit que la correction de la dysfonction a provoqué une aggravation d’une autre dysfonction (cf. cas n°2).
- de l’apparition de courbatures dans les heures qui suivent et pendant 2 à 3 jours.


Extraits de la Bibliographie

[6] CHENE P., GOYENVALLE E., DOUART C. : Un nouveau présupposé tombe à l’eau. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2011, 20. 14,15
[21] MERCADAL A.R.d.A., La Force de Traction Médullaire. Apostill, 2002. 11/12. 7 - 14.
[33] NICKEL R., SCHUMMER A. et al. : Lehrbuch der Anatomie der Haustiere, Band IV, Nervensystem Sinnesorgane Endokrine Drüsen, Verlag Paul Parey. Berlin, 1975.
[37] FOSSE F. : Contribution à l’étude de l’ostéopathie chez le chien. Th Méd. Vét., LYON : 1997, 88. 158
[42] Dictionnaire HACHETTE – Langues, Encyclopédie, Noms propres. Hachette, 1980
119] DAGAIN E. : Approche de l’ostéopathie en médecine vétérinaire équine. Th Méd Vét, Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 2006. 238. 95.
[120] AMIGUES J.-P. : Ostéopathie – Fondements, techniques et applications. Ellèbore, 2004. 273.
[121] MEGRET J.F. : La tenségrité, vers une biomécanique ostéopathique, Mémoire de fins d’étude pour l’obtention du diplôme d’ostéopathie, 2003 : Montpellier.
[122] MEGRET J.F. : La tenségrité : itinéraire didactique vers l’ostéopathie. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2007, 5. 13-15.
[123] GUILLARD Y. : L’ostéopathie en douceur, de la parascoliose à la Torsion Physiologique, Sully, 2006
124] CHENE P. : MRP, FTM et Torsion Physiologique. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2009 Sept , 14.
[125] CHENE P. : Plaidoyer pour une ostéopathie comparée, Ostéo, la revue des ostéopathes, Janvier 2002, 58. 4-19.
[126] TRICOT P. : Un modèle de corps conscient. Approche tissulaire de l’ostéopathie Vol. 1. Edition SULLY, 2002-2005. 319.
[127] GOYENVALLE E., Maitre de conférences à ONIRIS, Communication personnelle.
[128] CAZAUBON C., Dr Vétérinaire ostéopathe, Communication personnelle.
[129] LERAY H. : FTM, énergétique et émotionnel. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2011 Automne, 22.
[130] CHENE P. : Force de traction médullaire : carnivores. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2008, 10. 22-25.
[131] CHENE P. : Force de traction médullaire : le cheval. Ostéo4pattes - Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2008, 10. 18-23.
[132] MARLANGE T. : Théorie sur les origines biochimiques de la dysfonction ostéopathique, intégrée à l’ostéopathie. Ostéo4pattes – Revue Européenne d’Ostéopathie Comparée, 2007, 5. 19-25.
[133] AGNERAY J.-B. : Ostéopathie et troubles gastriques chez le chien. Th Méd Vét, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, 2004. 82 tab Table des Matières


Table des matières

Introduction

I . Bases anatomiques et embryologiques

 A . Anatomie du SNC
 1 . Moelle épinière
 a . Conformation extérieure
 i . Aspect général de la moelle épinière
 ii . Extrémités de la moelle épinière
 iii . Dimensions de la moelle épinière
 iv . Nerfs spinaux
 b . Conformation intérieure
 2 . Encéphale, conformation
 a . Conformation générale de l’encéphale
 b . Conformation extérieure de l’encéphale
 i . Conformation extérieure du tronc cérébral
 ii . Conformation extérieure du cervelet
 iii . Conformation extérieure du cerveau
 c . Conformation intérieure de l’encéphale
 B . Développement embryonnaire du système nerveux et du squelette axial
 1 . Mise en place des premières ébauches du SNC et du squelette axial
 a . Formation du tube neural ou neurulation
 b . Evolution du mésoblaste et formation de la notochorde
 c . Formation du canal neural
 d . Neurulation secondaire et formation du filum terminale
 e . Induction du développement du système nerveux
 2 . Acquisition de la structure définitive du SNC
 a . Développement des crêtes neurales [1,20]
 b . Genèse des méninges [1,3,14]
 c . Différenciation cellulaire
 3 . Croissance de la moelle épinière
 a . Croissance différentielle en épaisseur
 b . Ascension apparente de la moelle épinière
 C . Système nerveux central, situation, rapports et moyens de fixité
 1 . Enveloppe osseuse du SNC
 a . Cavité crânienne, conformation [1,3,20]
 b . Canal vertébral [1,3]
 2 . Structures anatomiques assurant la fixité du SNC
 a . Méninges [2,3,20]
 b . Filum terminale
 c . Rôles des nerfs dans la mobilité du SNC dans son étui osseux
 3 . Effets de cohésion physique
 a . Effet turgor
 b . Pression du LCS
 c . Vide épidural

II . Moelle épinière, structure sous tension

 A . Tension physiologique
 1 . Définition et mise en place de la FTM
 2 . Force en traction et en tension
 3 . Tension à l’origine des courbures de la colonne vertébrale
 4 . Variations physiologiques de la FTM
 5 . Moyens d’adaptation de la moelle épinière face à aux variations de la FTM
 a . Propriétés visco-élastiques de la moelle épinière et du filum terminale
 b . Croissance compensatrice de la moelle épinière en réponse à une tension
 c . Rôle des ligaments dentelés
 B . Tension pathologique
 1 . Étiologies
 a . Anomalie lors de la croissance différentielle entre la moelle épinière et la colonne vertébrale
 b . Moelle attachée
 i . Anomalies acquises lors du développement embryonnaire
 ii . Filum terminale épaissi et/ou moelle attachée basse
 iii . Malformations vertébrales
 iiii . Répartition des différentes malformations attachant la moelle épinière
 c. Cicatrices ou traumatismes au niveau de la moelle épinière ou du filum terminale
 2 . Conséquences pathophysiologiques
 a . Modification du flux sanguin et de l’apport en oxygène
 b . Hypoxie et modification du métabolisme oxydatif
 c . Métabolisme du glucose
 d. Diminution des potentiels électriques des nerfs
 e . Changements histologiques
 3 . Conséquences anatomiques ou lésionnelles
 a . Lésions médullaires
 b . Malformations orthopédiques
 i . Malformations vertébrales
 ii . Anomalies de courbure de la colonne vertébrale
 iii . Malformations des membres
 c . Malformations urogénitales et anales
 d . Malformations crânio-cérébrales
 e . Syringomyélie
 i . Présentation
 ii . Mécanismes pathophysiologiques
 iii . Des avis partagés
 4 . Conséquences cliniques
 a . Apparition et évolution des signes cliniques
 b . Signes cliniques neuro-orthopédiques
 c . Signes cutanés
 d . Douleur et perte de sensibilité
 e . Syndrome dysfonctionnel d’élimination
 5. Traitements
 a . Quand intervenir ?
 b . Différents traitements chirurgicaux
 i . Traitement chirurgical des malformations anatomiques
 ii . Libération du cône médullaire par section du filum terminale
 iii . Section du filum terminale malgré son apparence normale
 c . Complications/Récidives

III . Approche ostéopathique de la force de traction médullaire

 A . Les grands principes de l’ostéopathie
 1 . Définition de l’ostéopathie [119]
 2 . Notion de dysfonction ostéopathique
 a . Définition de la dysfonction ostéopathique
 b . Notion de dysfonction primaire et secondaire
 3 . Notion de tenségrité et d’un modèle de tenségrité d’auto-compensation
 a . Principe de tenségrité
 b . Tenségrité cellulaire
 c . Ostéopathie et tenségrité
 d . Vers un modèle tenségritif d’auto-compensation
 4 . Techniques ostéopathiques
 a . Présentation
 b . Technique tissulaire.
 B . Application clinique
 1. Le ressenti de la FTM
 a . Application de la technique tissulaire à la moelle épinière
 b . Traitement d’une FTM trop élevée
 c . Validation du traitement
 2 . Présentation de la consultation ostéopathique
 a . Déroulement de la consultation ostéopathique
 b . Suites de la consultation
 3 . Cas cliniques
 a . Des animaux en croissance
 i . Cas n°1 [138] - ii . Cas n°2 [130] - iii . Cas n°3 [130] - iv . Cas n°4 [32] - vi . Cas n°5 [138] - vii . Cas n°6 [32] - viii . Cas n°7 [32] - ix . Cas n°8 [32] - x . Cas n°9 [32] - xi . Cas n°10 [138] - xii . Cas n°11 [131] - xiii . Cas n°12 [131] - xiv . Cas n°13 [32] - xv . Cas n°14 [139] - xvi . Cas n° 15 [141].
 b . Des animaux à l’âge adulte
 i . Cas n°16 [32] - ii . Cas n°17 [32] - iii . Cas n°18 [32] - iv . Cas n°19 [142] - v . Cas n° 20 [135].
 C . Discussion sur la FTM à partir des cas cliniques
 1 . FTM primaire et secondaire
 a . FTM primaire
 b . FTM secondaire
 2 . Conséquences d’une FTM élevée
 3 . Autres affections pouvant être reliées à une FTM élevée
 a . Problèmes cutanés
 b . Dysplasie coxo-fémorale
 c . Syndrome du bébé nageur
 d . Hernies discales
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE


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